Le quotidien de cette jeune femme n’avait pas réellement changé depuis toutes ces années. Elle continuait d’être la jeune femme qui prenait soin de son foyer sans avoir un travail bien à elle avec lequel elle pourrait se sentir un peu importante… Un travail avec lequel elle pourrait sentir réellement son utilité au sein d’un projet d’entreprise par exemple. Il était juste que, à son plus jeune âge, elle n’avait jamais voulu devenir une femme d’affaires ou alors devenir une chef culinaire appréciée de la plupart des restaurateurs mais il fallait le reconnaître, la solitude qu’elle connaissait dans la maison familiale se faisait énormément ressentir. Passer ses journées à attendre le retour de son mari qu’elle aimait, espérer avoir la visite de son grand garçon, Gohan, qui était devenu le père d’une charmante et adorable petite fille… Lorsqu’elle regardait la photo de famille avec Gohan, Videl et Pan, Chi-Chi ne pouvait que se souvenir de sa réaction en apprenant la grossesse de Videl. Étrangement, elle n’avait tombé dans les pommes. Elle avait plutôt bien réagi en félicitant les heureux futurs parents avant de s’écrouler au sol en pleurant, presque, toutes les larmes de son corps. C’était incroyable la quantité de larmes qu’elle pouvait verser en un temps minimum et déterminé. Il lui a fallu le temps de bien réaliser l’annonce. Car oui, son fils allait avoir un enfant et cela faisait d’elle une grand-mère. C’était un choc. Un choc qui avait bien été mis de côté, disparaissant rapidement lorsqu’elle avait posé son premier regard sur le petit visage de ce nouveau-né. Pan avait été magnifique et elle continuait de l’être. Elle avait bien grandi et Chi-Chi était bien heureuse de voir sa famille heureuse et unie. Pour Videl, elle priait quotidiennement pour qu’elle ne puisse pas connaître les absences répétées par son mari. Gohan ressemblait à de nombreux points à Goku mais il essayait d’être présent. Goku était le héros de Chi-Chi. Ce type de héros qui préférait sacrifier sa vie de famille pour pouvoir la préserver en sauvant la Terre de tous ces êtres désireux de la détruire. Laissant son doigt se glisser sur la photo de son fils et de sa petite famille, Chi-Chi finit par refermer l’album photo, sourire aux lèvres, le rangeant dans son armoire.

Cependant, aujourd’hui, elle n’avait pas de lessive à faire, ni de ménage de printemps à refaire pour la énième fois. C’était tout autre. En effet, elle était amie avec Bulma, l’épouse de Vegeta et, également, la meilleure amie de Goku. Bien que les deux jeunes femmes puissent rapidement monter dans les décibels afin de faire comprendre à l’autre que l’une ou l’autre avait raison, Chi-Chi l’appréciait. Après tout, elles étaient toutes les deux les épouses de deux guerriers, certes amis sans pour en dire rivaux, mais c’était bien un énorme point commun. Les deux mères de familles ont connu de multiples moments heureux à deux. Chi-Chi préférait, largement, se souvenir des bons souvenirs que de laisser son esprit à vaguer à retrouver des événements douloureux. Ainsi, Chi-Chi avait pris la décision d’inviter la scientifique à la maison pour lui faire découvrir d’autres horizons dans la culture culinaire du Japon. Entre toutes les inventions qu’avait pensées et réalisées Bulma, elle ne devait pas avoir de temps à consacrer à cuisiner pour son mari et ses enfants. Fouillant dans sa bibliothèque, elle finit par dénicher de vieux livres de cuisine. Les prenant et les feuilletant rapidement, elle eut une illumination et c’était décidé à appeler Bulma sur le champ.

« Bulma, c’est Chi-Chi, est-ce que tu peux… » Sous la précipitation, la jeune femme avait manqué de trébucher sur le balai qu’elle avait laissé traîner au sol. Elle n’a pas réussi à garder l’équilibre et elle avait fini par tomber sur le carrelage de la cuisine. Elle soupirait. « Il faut que tu viennes voir ce que j’ai trouvé. Viens maintenant. A tout de suite. » Raccrochant le combiné téléphonique, Chi-Chi se releva en s’appuyant contre la table présente dans la cuisine, se frottant légèrement le postérieur. Ça lui apprendra à trop vouloir se précipiter pour rien. Elle finit par ranger le balai à son endroit initial avant de prendre le premier bouquin et de le feuilleter avec lenteur.

Écoutant le poste radio porté sur les ondes énonçant les informations, Chi-Chi était concentrée à couper en lamelles des carottes qu’elle avait pris le soin de bien éplucher. Une salade de légumes, en cette saison, ne lui ferait aucun mal. Sur le côté, le thé se préparait tranquillement. Lavant ses légumes coupés, elle les plaçait dans un saladier, les assaisonnant équitablement avant de placer le saladier dans le frigo. Du réfrigérateur, elle sortit une boîte contenant plusieurs petits gâteaux. Elle ferma la porte de l’appareil électroménager, posant la boîte sur la table de la cuisine. Se lavant les mains, ce fut à ce moment-là qu’elle entendit la voix du Bulma.

« Je suis là Bulma !  » Lançait-elle depuis la cuisine, en élevant suffisamment la voix pour qu’elle puisse l’entendre. Chi-Chi ferma le robinet, se sécha les mains avec l’essuie de cuisine et se tourna pour voir la scientifique adossée contre l’encadrement de la porte. « Et je vais te le dire dès maintenant. Installes-toi à table. » Chi-Chi l’invitait à s’asseoir à table. Elle prit ainsi le livre de cuisine et s’installa à côté de Bulma, lui faisant parcourir quelques pages du bouquin. « Je sais que tu n’as pas énormément le temps pour cuisiner. Ce livre devait être caché depuis des années dans la bibliothèque pour que je viens à le remarquer que maintenant. Il contient un nombre incalculable de recettes faciles à faire seul ou en famille. Je me suis dit que nous pourrions en faire quelques-unes ensemble.  » Elle haussait les épaules et sentit bien le regard incompréhensible et outré de Bulma. « Que tu crois ! C’est une urgence ! Ton mari est comme le mien, un vrai gourmand. Il faut pouvoir être à la hauteur pour satisfaire cet estomac sur patte. Te mettre à la tâche, te voir cuisiner de bons petits plats pour lui, je suis certaine que Vegeta en sera ravi. » Sourire aux lèvres, elle posa le livre sur la table, posant la théière sur un plateau, déposant deux verres de thé ainsi que les petits gâteaux sortis, auparavant, du frigo. « Mais, avant tout ça, si nous discutions un peu ? As-tu réussi à avoir des nouvelles de Vegeta ? » Lui demandait-elle en se réinstallant à côté d’elle.

   

Utiliser ce nom féminin qu’était l’insistance afin de qualifier ce qu’elle voulait absolument montrer à Bulma avait été légèrement exagéré. Elle s’en était rendue compte tout de suite après avoir raccroché le combiné téléphonique. Mais, lorsque nous y réfléchissons bien, c’était un cas extrême, urgent de pouvoir être suffisamment bonne en cuisine pour apporter tous les éléments nutritifs à un homme guerrier tel que Vegeta. Chi-Chi avait fait son expérience en partageant sa première journée avec Goku au lendemain de leur lune de miel. Il était à présent temps pour Bulma de prendre les choses en mains et de concocter de délicieux plats à son époux. Ainsi, la jeune femme terminait de couper ces légumes en lamelles et/ou en rondelles avant de les disposer au sein même du saladier en accompagnement à la laitue déjà présente. Elle sortit de son placard du haut le nécessaire pour assaisonner la salade, invitant Bulma à prendre place dans la cuisine et à s’y installer. Cessant son activité, elle s’était installée à table, déposant le livre de cuisine sur la table. Souriante, elle levait un peu les sourcils quant au silence prononcé de la jeune femme.

« Sincèrement Bulma... Toute ma vie, enfin depuis que je suis devenue l’épouse de Goku, je n’ai cessé de cuisiner des plats et tu sais très bien qu’il a beaucoup plus souvent été en dehors de la maison, à faire je ne sais quoi, à se battre, à mourir pour nous sauver que Vegeta. Donc, tout ça pour en finir au fait que tu n’as aucune excuse pour ne pas cuisiner. Imagines l’odeur de tes plats qui vient guider son cher et tendre dans tes filets… Vegeta est un homme. C’est un Saiyen avec un appétit énorme. Tu verras, tes efforts seront rapidement récompensés… »

Ce ne fut sans un quelconque sourire amusé que Chi-Ch avait terminé sa phrase. Après tout, Bulma était parfaitement capable de cuisiner et Chi-Chi s’était donnée le défi de le faire et de la métamorphoser. Ne manquant pas ses devoirs de maîtresse de maison, l’épouse de Goku s’était afférée à préparer un plateau rempli d’une assiette avec des petits gâteaux ainsi que deux verres de thé pour qu’elles puissent discuter tout en se réalimentant. Reprenant place sur sa chaise et versant un peu de thé dans le verre de Bulma, Chi-Chi déposa la théière sur le plateau, posant son regard sur Bulma.

« Ni même Trunks ? A moins qu’il soit toujours à tes côtés, auquel cas, je retire cet ajout de questions… Ils ne t’ont pas laissé d’indices ou quoique ce soit ? »

Effectivement, c’était inquiétant… Ce n’était pas le genre de Vegeta et de Bra de s’en aller sans donner de nouvelles… Vegeta le pourrait bien mais sa fille… Elle tendit le verre à Bulma.

« Partir à leur recherche. Je ne trouve que cette solution… Mais, peut-être sont-ils trop occupés à s’entraîner pour se perfectionner qu’ils en oublient de vivre leur vie de simple père et fille, d’époux surtout pour toi. » Chi-Chi voulait se montrer rassurante et adressa un sourire à Bulma. « Ils reviendront très rapidement. Et je serais là si tu aurais l’envie de partir à leur recherche, tu peux compter sur moi. » Concernant Goku… Elle versa du thé dans son propre verre avant d’en boire quelques gorgées après avoir soufflé un peu sur le dessus de la vapeur qui s’en échappait. « Tu connais Goku. Il ne sait pas rester à la maison sans s’entraîner à l’autre bout du pays ou à défier je ne sais qui pour s’entraîner. Il devrait revenir mais quand… Je ne m’inquiète plus désormais. » Vraiment plus… Il revenait toujours et c’était tout ce qui comptait. « Bien, tu manges et tu m’aideras à faire la cuisine. La pratique, il n’y a que ça de vrai ! »

 

Chi-Chi n’était pas ce genre d’individu à se concentrer uniquement sur elle, quitte à oublier les autres personnes qui comblaient sa vie. Lorsqu’elle était plus jeune, elle restait toujours au château, avec son père, à prendre soin de leur demeure. En effet, la jeune femme avait perdu sa mère très jeune et, même si elle avait eu beaucoup de mal à accepter sa mort, elle se devait d’être forte pour être un soutien pour son père. Et pour parvenir à ces fins, elle avait veillé au bon soin de leur famille, quittant fréquemment le château pour faire des courses, rencontrant des personnes pendant ses sorties. Chi-Chi n’avait jamais été seule dans sa vie. Elle avait toujours été accompagnée de près ou de loin par les personnes qu’elle aimait. Bulma faisait partie de ces personnes qu’elle portait dans son cœur. Elle était une scientifique hors-pair, un vrai bout de femme avec du caractère et une mère aimante. Il était amplement normal d’être là pour son amie et à prendre l’initiative de l’aider dans cette tâche difficile qu’était la cuisine.

Leur discussion se poursuivait et Chi-Chi n’était pas rassurée. Elle affichait une mine réfléchie, les sourcils froncés. Bien qu’elle avait été habituée aux absences de son mari dues à ses entraînements, cette « disparition » n’était en rien rassurante. La jeune femme réfléchissait à l’idée absurde qu’avaient eu Vegeta et Bra à quitter la Capsule Corporation et ce, sans donner de nouvelles. Ce n’était pas un comportement que Chi-Chi appréciait mais, d’un autre côté, elle ne pouvait pas être énervée. Cela se voyait que Bulma était très inquiète et elle n’avait pas pu s’empêcher de se lever de sa chaise, de l’approcher de Bulma, de s’y asseoir et de prendre Bulma dans ses bras. Elle voulait qu’elle sache, de cette manière, qu’elle était présente pour elle, quoiqu’il arrive.

« Ne t’en fais pas Bulma. Nous les retrouverons. Ils peuvent bien revenir d’eux-mêmes mais quand je vois à quel point tu es… J’en parlerai à Goku et peut-être qu’il réussira à les retrouver… Ils doivent bien se trouver quelque part, tes amours. » Elle lui adressait un sourire après s’être détachée d’elle.  « Tu n’as pas à t’en faire. Ce qu’il se passe n’est aucunement ta faute. Tu es une bonne mère et une épouse formidable. Penses-tu que les autres femmes aient une chance de supporter un homme tel que Vegeta ? Crois-moi, je ne doute pas que tu sois victime d’un adultère. Tu peux t’en assurer. Tu es bien la seule qui peut parvenir à le contrôler. C’est connu. » Dire cela à Bulma avait pour but de la faire sourire et de lui remonter un peu le moral. Elle faisait de son mieux pour remplir son rôle d’amie.

« Je finis toujours par me dire qu’il reviendra toujours à un moment ou à un autre. S’il lui arrivait quelque chose, je le sentirai et là je serais morte d’inquiétude, à me morfondre sur moi-même, à pleurer toutes les larmes de mon corps. Rien de tout ça n’est arrivé donc… Et tu sais autant que moi que les Saiyens ont besoin de cette liberté pour se mesurer à eux-mêmes.   »

Chi-Chi haussa les épaules en affichant un sourire, ouvrant le livre de cuisine et l’arrêtant à la page consacrée à la recette des Onigiri. Une recette que ses enfants, sa petite-fille adoraient. Elle leva son regard vers Bulma.

« Nous allons commencer par une recette simple : les Onigiri. Tu vas prendre connaissance des ingrédients ainsi que de la préparation et tu te chargeras ensuite de rassembler les ingrédients se trouvant dans des endroits divers de la cuisine.  Profites-en, ce n’est pas tous les jours que je laisse la cuisine libre d’accès à mes invités. »

Encore un petit coup d’humour pour bien détendre l’atmosphère et détendre un maximum Bulma. Chi-Chi but quelques gorgées de son verre, attendant que Bulma puisse exécuter ces différentes tâches pour passer ensuite à la phase cruciale de l’élaboration de la recette.